L'œuvre abondante du père Athanasius Kircher (1602-1680) marque un tournant, plus qu'une rupture avec l'esprit et les pratiques de la Renaissance. Le célèbre jésuite est connu – entre autres choses – pour ses nombreux ouvrages dans lesquels il tenta d'accommoder les inscriptions hiéroglyphiques à la foi chrétienne en vertu d'un présupposé théologique (prisca theologia). D'un point de vue méthodologique, Kircher resta en grande partie un homme de la Renaissance. Loin de renier l'approche symbolique des humanistes, il l'amplifia en élargissant son encyclopédie à toute forme de savoir (alchimie, magie, sciences) et tous types de sources (notamment arabes et hébraïques, mais aussi en lien avec l'Extrême-Orient). Il se distingua toutefois des pratiques de ses prédécesseurs en travaillant sur un corpus de textes authentiques (ou supposés tels). La dernière des trente dédicaces – une inscription hiéroglyphique de son cru disposée sur un obélisque – qu'il offrit à l'empereur du Saint-Empire en ouverture de l'Oedipus Aegyptiacus servira de point de repère pour cette dernière leçon. Cette composition personnelle marque à la fois une continuité avec l'esprit de la Renaissance en montrant la capacité des modernes à rédiger de nouveaux textes hiéroglyphiques, mais aussi une rupture dans la mesure où Kircher abandonna le répertoire des signes en vogue à la Renaissance pour se tourner vers des signes attestés sur les monuments égyptiens, conférant par là même un verni d'authenticité à sa composition.
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