Emmanuel Modeste Louchard, approche à pas de loup du lit de sa mère qui dort. De toutes ses forces, il abat un marteau sur le crâne de sa daronne âgée de 56 ans. Il frappe à nouveau. Encore et encore. La voilà morte. Le fils indigne s’empare d’une serpe qu’il a pris soin d’aiguiser pour la découper en morceaux. Il jette la tête dans le four pour la faire cuire de façon à ce que ses traits ne soient plus reconnaissables. Puis il entasse les autres morceaux du corps dans une brouette pour aller les jeter dans un puits de marnière abandonnée situé à un kilomètre de là.Enfin, le voilà seul maître de la bergerie ! Âgé de 27 ans, Modeste est connu dans le pays de Goupillères, au sud de Rouen, pour sa méchanceté et sa brutalité. Mieux vaut ne pas se frotter à lui. À 10 ans, il tuait les moutons de son père à force de coups. Avec l’âge, il devenait de plus en plus sauvage, inspirant la terreur à toute sa famille. Après le décès de son père, il terrorise son frère et sa sœur pour qu’ils déguerpissent. Puis il fait pression sur sa mère pour qu’elle lui cède le bail de la bergerie. Malgré ses menaces de mort, la vieille refuse de lui céder. Où irait-elle ? Il la frappait régulièrement, lui crachait : « J’aimerais que vous fussiez crevée. » C’est pour cela qu’Emmanuel Modeste passe à l’action dans la nuit  du 16 au 17 mars 1877. Après avoir jeté les restes de sa mère dans le puits, Louchard éponge tant bien que mal le sang sur le plancher et les murs.Comme la bergerie est isolée, dans un premier temps, les voisins ne s’inquiètent pas de la disparition de la veuve Louchard. Et quand ils posent la question de savoir où elle est, le fils indique qu’il l’a vue partir avec ses vêtements du dimanche. Sans doute est-elle partie rendre visite à une de ses sœurs. Au bout de plusieurs jours, les voisins commencent à s’inquiéter, jamais la vieille femme ne s’était absentée aussi longtemps. Ils pressent Modeste Emmanuel de demander de ses nouvelles à ses sœurs et d’avertir les autorités. Dans un premier temps, le jeune homme se montre indifférent au sort de sa mère, puis comprenant que cette attitude pourrait attirer les soupçons, il écrit le 25 mars à son oncle de Rouen une lettre où il lui fait part de son inquiétude. Et le 27 mars, il finit par alerter le maire de la commune.Or, deux jours plus tôt, un cultivateur nommé Gosset et son fils, passant près du puits de la marnière, constatent que les madriers qui le recouvrent ont été légèrement déplacés pour dégager une ouverture. Plus inquiétant, ils repèrent des traces de sang. Ce n’est pas fini. Un sillon laissé par la roue d’une brouette mène à proximité de la maison des Louchard. Pensant immédiatement à la disparition bizarre de la mère Louchart, l’agriculteur file raconter sa découverte au maire de Goupillères, qui prévient les gendarmes. Ceux-ci se déplacent sur place en se faisant accompagner d’un nommé César Brunet qui accepte de descendre dans le puits profond de 40 mètres. Ce qu’il découvre le paralyse d’horreur : deux bras coupés au ras des épaules dépassent de l’eau vaseuse. Traumatisé, il se demande qu’on le remonte illico. Les gendarmes remettent au lendemain la suite de la fouille. Le jeudi 29 mars 1877, le procureur du pays, le juge d’instruction et plusieurs autres fonctionnaires reviennent sur place pour poursuivre l’exploration de la marnière. Un puisatier accepte de remonter les restes du puzzle humain. La tête est broyée et informe, la face mutilée n’est plus reconnaissable, une jambe est également repêchée. Le tronc est retrouvé sans ses deux seins et le cœur. L’embonpoint, la forme des doigts, la chevelure et une déviation anormale du poignet permettent d’identifier la veuve Louchard. Modeste Emmanuel est immédiatement appréhendé.Confronté aux débris répugnants, il n’esquisse même pas un battement de sourcil. Dans le four de la maison, on retrouve les restes calcinés du visage de sa mère. Des experts qui passent au peigne fin la bergerie retrouvent quantité de traces...

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