La technique en question consiste pour les nations à utiliser la cartographie 3D des fonds marins pour revendiquer leur souveraineté sur certaines zones sous-marines, en nommant les reliefs sous-marins découverts. Ce procédé est relativement nouveau et repose sur un concept appelé les "bathyonymes", c’est-à-dire des noms attribués à des caractéristiques géographiques sous-marines telles que des montagnes sous-marines, des plateaux, des vallées ou des crêtes.

 

Traditionnellement, le droit international permet aux pays de contrôler les ressources marines dans leurs eaux territoriales et leur zone économique exclusive (ZEE), qui s'étend jusqu'à 200 milles nautiques (environ 370 km) des côtes. Cependant, les fonds marins situés au-delà de cette limite, aussi appelés "haute mer" ou "fonds marins internationaux", sont considérés comme appartenant au domaine commun de l'humanité, et donc théoriquement hors de la juridiction nationale directe. Mais il existe une exception importante : un pays peut demander une extension de sa ZEE s'il prouve que le plateau continental en prolongement de ses terres s'étend au-delà des 200 milles nautiques.

 

C’est ici que la cartographie 3D et les bathyonymes entrent en jeu. Les pays utilisent la technologie de pointe pour explorer les fonds marins et identifier des caractéristiques topographiques sous-marines, comme des chaînes de montagnes ou des fosses. En nommant ces reliefs, les nations peuvent tenter de renforcer leurs revendications sur ces zones, en argumentant que ces formations géologiques sont en continuité avec leur propre plateau continental et donc sous leur juridiction. Cette technique leur permet de soumettre des dossiers auprès de la Commission des limites du plateau continental de l’ONU, qui est chargée de valider ou non les revendications d'extension de souveraineté.

 

Attribuer un bathyonyme, c'est un peu comme planter un drapeau virtuel sous l'eau. Cela peut sembler technique et anodin, mais cela a des implications géopolitiques très sérieuses. En effet, en revendiquant des zones sous-marines riches en ressources, comme des gisements de minéraux, des nodules polymétalliques ou des réserves potentielles de pétrole et de gaz, les nations cherchent à s’assurer un accès exclusif à ces ressources naturelles, souvent encore inexplorées.

 

Cette stratégie a conduit à des tensions internationales dans des régions où les revendications se chevauchent, comme dans l'Arctique ou certaines parties de l'Asie-Pacifique. Par conséquent, bien que la cartographie et la dénomination des reliefs sous-marins puissent sembler être un simple exercice scientifique, elles font partie d'une tactique plus vaste pour étendre le contrôle des États sur des zones marines riches en ressources.

 

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